David, 23 ans, a quitté son village des Deux-Sèvres alors qu'il était tout juste majeur : « Mes parents ne m'acceptaient pas. Et je croyais que ce serait plus facile de vivre dans une grande ville, que l'homosexualité était mieux vue qu'à la campagne. » Nicolas Noguier confirme l'attrait de la capitale pour les jeunes gays de province. « Le problème, c'est que leur point d'ancrage à Paris n'est pas forcément solide, décrypte le président du Refuge. Du coup, ils décrochent et se retrouvent isolés. » Pour David, le décrochage a vite pris la forme d'un enchaînement de galères : « Je me faisais héberger par des mecs qui en échange voulaient du sexe. J'en suis sorti grâce au Refuge, qui m'a hébergé à Montpellier pendant deux mois. Mais depuis mon retour à Paris, je suis retombé dans la prostitution. »
Il y a un mois, Pedro a lui aussi fui une famille « rejetante », comme disent les bénévoles du Refuge. A 17 ans à peine, il a vadrouillé d'une adresse à l'autre avant de s'installer chez une amie, à Drancy (93). Où le frêle jeune homme s'est trouvé confronté à un autre obstacle : « Il y a une vraie homophobie dans la cité. Quand je sors, c'est la peur au ventre. » Pedro a laissé un message, il y a quelques semaines, sur le portable du Refuge. « Ils m'ont conseillé, écouté. Aujourd'hui, je voudrais trouver une formation, un logement, me sentir chez moi. »
Le Refuge, qui dispose de six appartements-relais à Montpellier, n'a pas encore d'hébergement à proposer aux jeunes comme David ou Pedro. « Nous sommes en discussion avec la région, nous avons bon espoir », confie Nicolas Noguier. En attendant, l'association planche sur une autre idée : la création d'une permanence destinée aux familles.
Lisa MARTIN
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